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Meeting with Effie and Logan, protagonists of UNDER THE SKIN by Décadrée

March 12, 2020

«Sous la peau»: Juste pouvoir être soi-même

Le documentaire «Sous la peau» raconte l’histoire d’adolescentEs trans* en transition au Refuge, un lieu d’accueil à Genève. Effie et Logan, deux des protagonistes du film ont accepté de partager avec nous leurs expériences. Rencontre.

Par Julie Bianchin, publié le 11.03.2020

C’est dans un café genevois que je fais la rencontre d’Effie Alexandra et de Logan, deux des protagonistes du film «Sous la peau» de Robin Harsch. Ma première question est de circonstance quelques heures avant l’avant-première du documentaire: «Pourquoi avoir choisi ou accepté de se mettre à nu face à la caméra?»

Pour les deux jeunes, les personnes trans* ne sont pas suffisamment représentéEs sur nos écrans et encore moins en Suisse: «C’est l’occasion de partager nos expériences, d’être des exemples et de de casser tous ces clichés.» explique Effie. Logan quant à lui, bien qu’ayant toujours voulu s’engager, n’avait pas imaginé se retrouver en face d’une caméra: «J’ai toujours eu envie d’aider mais je n’aurais jamais deviné que ce serait comme ça.»

Non, je ne fais pas un caprice qui va durer quelques jours! On sait à quel point c’est difficile, tout ce qu’on va devoir sacrifier, tous les enjeux que ça implique…
Effie Alexandra

 

Casser les clichés et visibiliser

Les stéréotypes liés aux personnes trans* ont la vie dure et Logan et Effie en ont entendu des tonnes: «Tu es juste une lesbienne qui aime avoir le rôle dominant», «Ce n’est qu’une phase», «Tu ne seras jamais une vraie femme», «L’important c’est ce qu’il y a entre tes jambes» et bien d’autres encore.

«Les gens se permettent de décider qui on est en nous mettant dans des cases, juste parce que c’est plus confortable pour eux.» analyse Effie. «Souvent j’ai envie de répondre: “Est-ce que je te demande ce que tu as entre les jambes!?“ Il y a une focalisation impressionnante  sur le sexe alors que l’identité de genre c’est bien plus que ça.» ajoute Logan.

 

Une différenciation entre sexe, genre et orientation sexuelle qui n’est pas toujours évidente. Alors un petit rappel s’impose parfois : Une personne trans* est quelqu’unE qui ne se reconnaît pas (ou partiellement) dans le genre associé au sexe assigné à sa naissance. Il n’y a donc aucun rapport entre le fait d’être trans* et ses organes génitaux ou son orientation sexuelle. L’acronyme LGBTQIA+ bien qu’il puisse être utile, reste donc problématique aux yeux des deux jeunes: «Il regroupe des identités de genre, des orientations sexuelles et le sexe à la naissance… C’est un peu tout mettre dans le même panier.» explique Logan. D’ailleurs beaucoup de personnes trans*, comme Effie, ne se reconnaissent pas dans cet acronyme: «Je n’aime ni l’acronyme, ni le drapeau arc-en-ciel… Je revendique notre propre drapeau parce qu’on a nos propres parcours et histoires. Même si bien sûr on peut être trans* et lesbienne ou gay. En réalité, j’ai beaucoup de ressentiment envers ce qu’on appelle la communauté LGBT+ parce que les trans* sont souvent invisibiliséEs. On voit le drapeau arc-en-ciel mais jamais les autres drapeaux à ses côtés».

 

Une recherche de reconnaissance

Effie et Logan cherchent à mettre en lumière la situation des personnes trans* mais, avant tout, à acquérir leur propre reconnaissance. Cette reconnaissance est un processus passant par plusieurs domaines: réussir à accepter et comprendre son identité de genre dans un monde présenté comme binaire pour soi-même mais aussi par l’entourage, parfois passer par des changements physiques et enfin par une reconnaissance officielle et administrative.

 

L’identité administrative c’est important. C’est ce qui te donne une existence.
Effie Alexandra

 

Une reconnaissance qui est presque toujours un parcours du combattantE. En Suisse on demande aux personnes souhaitant changer d’identité administrative de donner la preuve d’un traitement médical. Mais tout change d’un canton à l’autre: la durée du traitement et/ou le type d’opération, le suivi médical, la demande d’une évaluation psychologique ou non, et bien d’autres choses encore. Même problème du côté des remboursements éventuels par l’assurance maladie.

«On doit aller au tribunal juste pour avoir un M à la place d’un F sur sa carte d’identité. Moi je me suis retrouvé face à 10 juges, rien que pour moi.» raconte Logan excédé après plus de trois ans de démarches administratives et médicales.

 

L’identité administrative ce n’est pas seulement un M ou un F sur un passeport. Ça a des vraies implications.
Logan

 

Une identité administrative ne correspondant pas à l’identité de genre implique de faire son coming-out constamment: «Par exemple c’est enrageant quand, dans une salle d’attente à l’hôpital, on t’appelle en disant “Monsieur“, surtout lorsque la personne sait très bien pourquoi on est là.» met en avant Effie «Et de manière générale, dès qu’on montre sa carte d’identité, on doit s’expliquer». Logan, quant à lui, a tout fait pour que son identité administrative soit reconnue avant d’obtenir son diplôme: «Comme ça je sais que mes patrons me jugent en fonction de mes compétences et pas au travers des préjugés qu’ils ont sur les personnes trans*. Ils l’apprendront peut-être plus tard mais au moins il se seront déjà fait une idée de mes capacités au niveau professionnel».

 

Être comme tout le monde

Les difficultés administratives, médicales ou financières ne sont que la pointe de l’iceberg. Logan et Effie ont chacunE reçu plus d’une fois des menaces de mort. Effie, qui est originaire du Panama, n’a plus aucun contact avec sa famille: «Ma famille aurait pu être une vraie famille mais ils n’ont pas été à la hauteur. Aujourd’hui j’arrive à me dire que c’est eux qui ont perdu quelque chose: ils ont perdu l’occasion de me voir épanouie».

 

J’ai envie de passer à autre chose, de pouvoir juste être moi.
Logan

 

Alors les deux jeunes n’ont qu’une envie: ne plus devoir expliquer leur situation. «Il y a aussi cette idée que si on ne dit pas qu’on est trans*, on a menti. Mais pour moi c’est quelque chose qui fait partie de mon passé et c’est à moi de choisir si j’ai envie d’en parler ou pas. Ça ne devrait pas changer le regard des autres comme ça ne change pas qui je suis.» explique Effie. «Quand ma grand-mère a appris que je me sentais homme, elle a dit “Et alors?“ ce qui m’a surpris étant donné qu’elle est assez religieuse» raconte Logan avant d’ajouter: «quand je rencontre des nouvelles personnes aujourd’hui, je ne dis pas forcément que je suis trans* et quand je le dis c’est exactement ce genre de réaction que j’aimerais avoir: “Et alors?…».

 

«Qui sommes-nous, sous la peau?», «Qu’est-ce qui nous définit comme personne?» sont autant de questions posées par le film de Robin Harsch qui finit pourtant par mettre en avant une demande simple des personnes trans*: «être acceptéEs comme elles sont».

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